Chapitre 15

Hermione

Chaque inspiration était douloureuse. Il y avait trop de souvenirs, trop brutaux, trop nombreux. Le cerveau encore embrumé d'Hermione repassait encore et encore les évènements de la veille.
Chaque fois, elle avait mal. Y avait-il quelque chose qu'elle aurait pu éviter ? Un geste qui aurait pu sauver la situation ? Une parole quelconque ?
Hier encore, Hermione avait un merveilleux ami dont les baisers étaient trop doux à son goût.
Voilà qu'aujourd'hui, leur relation s'était brisée en son point culminant, ne laissant rien d'autre qu'un goût amer dans la bouche de la jeune fille.
Il lui semblait que sa vie, son présent, n'étaient qu'une longue route désertique dont Ron s'éloignait.
Et derrière ses paupières douloureusement closes, Hermione distinguait presque la silhouette familière qui s'éloignait à l'horizon, pas à pas. Mais le plus douloureux....
Le plus dur, c'était l'incertitude. Elle ne savait pas si elle devait courir le rattraper ou le regarder partir avant de se détourner. Et ça faisait mal, si mal.
Dans un dernier hoquet, Hermione se releva en s'essuyant la bouche en un geste rageur. Appuyée contre le lavabo, elle se maudit. Elle était si faible. Rien n'avait été fait, alors pourquoi se sentait-elle blessée ?
La jeune fille tira la chasse et passa sous la douche. Les derniers souvenirs qui lui collaient à la peau furent entraînés en même temps que l'eau chaude et tourbillonnèrent à ses pieds avant de disparaître dans les canalisations. Mais Hermione ne se sentait pas mieux.
La jeune fille exécuta machinalement les gestes les plus quotidiens, les plus anodins mais qui aujourd'hui perdaient tout leur sens.
Pourquoi ? Pourquoi en étaient-ils arrivés là ?
Hermione s'effondra devant son miroir avec un sanglot qu'elle jugea lamentable. Mais les larmes ne coulèrent pas, à son plus grand soulagement. Elle ne ressentait que le vide écrasant qui lui opprimait la poitrine. Ne rien ressentir était sûrement mieux que d'avoir mal. N'est-ce pas ?
Une main se posa sur son épaule et Hermione fit brusquement volte-face.
Drago se tenait devant-elle, une ombre assombrissant son sourire, qui se voulait rassurant. Cette ombre s'étendait jusqu'à ses yeux, qui se voulaient pleins de compassion et de réconfort. Cette même ombre gagnait chacun de ses traits et les creusaient, lui donnant l'air plus fatigué que jamais. Pendant une seconde, le temps d'un éclair de lucidité, Hermione eut la sensation que Drago portait sur ses épaules un fardeau encore plus lourd que le sien.
Mais cette vision s'estompa aussi rapidement qu'elle était venue, et Hermione ne vit plus qu'en lui douceur. Son visage tout entier semblait lui dire qu'elle pouvait venir, et s'appuyer sur lui. Drago ne chancellerait pas, jamais.
Hermione ne l'aurait sûrement pas cru en un matin normal. Elle aurait cherché à approfondir cet air sombre qu'il arborait quelques secondes auparavant.
Mais ce matin là, elle avait juste besoin de quelqu'un sur qui prendre appui, de bras qui la serreraient fort. Alors elle se laissa aller contre le torse du jeune homme avec lassitude. L'odeur délicieusement familière qui émanait de sa chemise la réconforta quelque peu, et elle ferma les yeux quand Drago embrassa sa tempe.
Sa voix était parfaitement calme quand il prononça les premiers mots de la journée.
-Je suis là.
Hermione sentit monter les larmes. Le ton de Malefoy était trop doux pour la laisser vide. Les sentiments qu'elle aurait tant aimé refouler étaient là, emplissant son cœur de pensées toutes plus négatives les unes que les autres. L'avenir lui semblait si noir tout à coup...
Mais Drago balaya ces sombres perspectives d'une caresse sur sa joue. Ses doigts fins soulevèrent le menton de la jeune fille pour la forcer à le regarder dans les yeux. Ces yeux qui furent, un instant seulement, envahi par une noirceur encore inconnue pour Hermione. A travers le tumulte des ses pensées, une question émergea : que se passait-il ? Que se passait-il pour que Drago, si apte à garder le contrôle de ses émotions, ait du mal à cacher ce qui le rongeait de l'intérieur ?
Dès lors, Hermione su qu'il y avait un problème. Mais son esprit encore meurtri se refusait à l'accepter. Egoïste, elle n'aurait voulu se concentrer que sur ses propres ennuis.
« Plus tard, se promit la jeune fille. Je chercherais à comprendre plus tard. »
-Hermione, reprit Drago du même ton calme. Je sais que tu as mal mais il faut que tu ailles en cours aujourd'hui.
La Gryffondor faillit répliquer qu'elle n'avait jamais eut l'intention de sécher, mais elle s'en abstint. Elle n'avait peut-être jamais eut cette pensée, pour la simple et bonne raison qu'elle n'avait pas encore songé aux cours de la journée qu'il lui faudrait affronter.
Une multitude d'images apparurent devant ses yeux.
Elle devrait marcher vers ses amis –Ron y comprit. Elle devrait supporter les regards, les remarques...
Une seconde nausée, semblable à celle qu'elle avait eut en constatant à son réveil que sa robe était encore par terre et que les évènements de la veille n'étaient pas un cauchemar, lui tordit l'estomac.
Mais un regard de Drago y mit fin.
Hermione le regarda d'un air suppliant, comme si tout dépendait de lui.
-Je... Non, s'il te plaît... Je ne peux pas. Je n'en ai pas...
Drago sourit. Comme son sourire était doux, songea la jeune fille.
Sa main trouva de nouveau la joue d'Hermione, mais cette fois, elle poursuivit sa course dans son cou et le jeune homme passa les doigts dans ses cheveux encore humides.
-Tu... Tu es une Gryffondor, non ? demanda-t-il, visiblement surpris par ses propres paroles.
Hermione eut un faible sourire. Fallait-il qu'elle soit mal en point pour que Drago, ce fidèle Serpentard, lui tienne ce propos ! Mais il avait raison.
La question dans ses yeux bleus prouvait à quel point il avait peut de la blesser en la brusquant d'une manière qui pourrait lui rappeler les actes de Ron la veille. Mais Hermione était capable de faire la différence entre les lèvres de son ami et celles qui se posaient maintenant avec légèreté sur les siennes.
Au fond d'elle-même, la jeune fille sentit une flamme tremblotant se rallumer.

* * *

-Courage, Mione.
Le souffle de Drago lui chatouillait le cou.
Comme la veille au soir, Hermione se trouvait derrière la porte de la Grand Salle, hésitant à entrer, paralysée par la peur et le trac.
Mais, à la différence du soir du Bal, Drago était là, juste derrière elle. Sa main était négligemment posée sur la taille de la jeune fille, mais elle ne savait pas si c'était pour l'empêcher de faire demi-tour ou juste pour lui insuffler un peu de force.
Peut-être était-ce les deux ?
Prenant une grande inspiration, Hermione se retourna et croisa le regard inflexible de Drago.
Poussant d'une main tremblante le battant, la jeune fille fit quelques pas dans la Grande Salle.
Immédiatement, le bruit, la lumière et l'air frais l'assaillirent de toutes parts, la faisant cligner des yeux.
Hermione s'avança seule dans la pièce, Drago respectant les dix minutes quotidiennes, qu'ils avaient mises en place pour ne pas être suspectés, avant d'entrer.
Presque instantanément, la jeune fille repéra les deux chevelures flamboyantes de Ginny et Ron, assis à côté d'Harry et de Parvati.
Se forçant à mettre un pied devant l'autre Hermione avança sans faiblir jusqu'à ses amis. Mais une fois devant eux, ses jambes fléchir et elle du s'asseoir précipitamment sur le banc en bois, près de Parvati.
Hermione se promit que, quoi qu'il arrive, elle n'aurait pas à croiser le regard de Ron. Car elle savait qu'elle n'en aurait pas la force, quoiqu'elle y trouve, quoiqu'elle y voie.
Elle se concentra donc sur le menton d'Harry, juste en face d'elle.
Répondant faiblement aux bonjours qu'avait occasionnés son arrivée, Hermione tressaillit violement quand Harry remarqua avec une pointe d'ironie :
-Eh bien Ron, c'est la première fois que tu n'embrasses pas Mione pour lui dire bonjour !
A l'autre bout de leur groupe, Ron sursauta lui aussi.
Ces réactions n'échappèrent pas à l'œil de Parvati qui décela tout de suite la tension entre les deux jeunes gens.
-Ca ne va pas ? Tenta-t-elle timidement.
Hermione gardait obstinément les yeux baissés, et elle sentait que Ron faisait de même.
Un lourd silence s'abattit sur le petit groupe, et un vent de tempête sembla chasser la bonne humeur et la désinvolture qui régnait quelques secondes auparavant.
Finalement, la voix d'Harry obligea Hermione à lever les yeux.
-Que se passe-t-il Hermione ? demanda-t-il avec douceur.
La jeune fille ouvrit la bouche pour crier « Demandez donc à Ron ! » mais ses lèvres étaient sèches et sa langue semblait peser une tonne. Incapable de prononcer un mot, elle risqua un regard vers Ron.
Le jeune homme leva la tête et Hermione laissa échapper un hoquet.
Le visage de son ami était ravagé par le remord, chacun de ses traits crispés dans une douloureuse expression de torture. La jeune fille pouvait voir sur la figure de Ron le combat intérieur qui faisait rage : une partie de lui s'en voulait terriblement tandis que l'autre était pleine d'amertume pour le rejet qu'Hermione lui avait imposé.
Ses yeux étaient rougis par les larmes qui avaient dues couler, et son regard transperça Hermione comme un poignard, s'enfonçant dans son cœur. Les yeux de Ron étaient pleins de questions. Il était perdu.
Si Hermione avait encore eut des doutes quant aux raisons qui avaient poussées Ron à agir de la sorte, elle avait maintenant la certitude qu'il n'était pas lui-même à ce moment là. Elle le savait car elle voyait dans ses yeux la question qu'elle se posait depuis son réveil : pourquoi ?
Mais c'était trop tard, songea Hermione en voyant Ron se lever brusquement et sortir de la Grand Salle. Elle ne pouvait pas crier son nom pour le voir se retourner, déchiré. Cela n'aurait servit à rien, le point de non retour était franchit, et de toutes manières, Hermione savait que Ron ne l'aimerait jamais que d'amour. Alors pourquoi l'appellerait-elle ? Pour lui proposer une amitié platonique qui consisterait à s'échanger les politesses les plus banales et à apaiser le tumulte intérieur qui rongeait Ron ? C'était au dessus de ses forces.
Alors Hermione regarda son meilleur ami s'éloigner d'elle, terriblement malheureux, mais sûrement pas autant qu'elle. Le poids de ses remords semblait alourdir sa démarche et courber ses épaules, et Ron traînait derrière lui toute sa peine. Mais ce fardeau s'estomperait un jour, songea Hermione. Un jour, il se pardonnerait.
Mais elle, le pourrait-elle ? Pourrait-elle dépasser ça ?
Hermione ne le savait pas, et la déchirure qui s'opérait en elle lui brisait le cœur. Une larme solitaire roula le long de sa joue, et Hermione sut à ce moment là que si elle avait un jour craint de perdre Ron, c'était fait. Le fossé qui s'était creusé entre eux dépassait largement les craintes de la jeune fille.
Hermione essuya sa larme et se retourna lentement vers son assiette, prenant soin de se murer dans un silence explicite. Ses amis ne posèrent aucune question, et le repas continua.
Un œil extérieur n'y aurait sûrement pas vu une différence autre que la place vide de Ron, mais la jeune fille savait que tout avait changé.
Mais le regard gris de Drago dans son dos lui donna la force de rester. Il n'y avait que ça à faire, de toutes manières. Rester, et attendre que le temps efface la douleur, et fasse refluer les souvenirs. Mais dans combien de temps ?

Drago

Il aurait tellement voulu apaiser la douleur qui rongeait Hermione. Il aurait voulu la réconforter, lui dire que ses remords ne servaient à rien et que le seule fautif était Ron. Quand la jeune fille contempla son ami partir, ses yeux plus tristes que jamais, Drago aurait voulu crier qu'il ne méritait pas cette pitié, qu'elle aurait du se retourner froidement et ne plus jamais penser à lui.
Mais ça, c'était son comportement à lui, Drago Malefoy. Et cette attitude faisait toute la différence, c'était pourquoi Hermione aurait une vie magnifique alors que lui croupirait en enfer. Mais dans l'immédiat, il ne voyait vraiment pas la nécessité du regret qui imprégnait chacun des gestes de la Gryffondor. Toute cette pitié ne servait à rien. N'est-ce pas... ?
Drago acheva de petit déjeuner dans un silence morose. Blaise avait la gueule de bois et le plus ténu de chuchotements le faisait grincer des dents. Pansy était absente, comme chaque matin depuis deux semaines, réalisait maintenant Malefoy. Quant aux autres, c'était à lui de décider s'ils avaient le droit de lui adresser la parole. Aussi le jeune homme était-il tranquille pour songer à tous ses problèmes.
Dix minutes après le départ de Ron, Drago se leva à son tour et sortit de la Grande Salle en s'appliquant à ne pas regarder en direction d'Hermione.
Il avait promis à Pansy qu'il la retrouverait à l'entrée du parc à dix heures tapantes.
Alors que le jeune homme marchait d'un pas énergique vers la sortie, il se demanda s'il y avait quelqu'un là haut, dans le ciel bleu, qui s'amusait à ses dépens. Y avait-il quelqu'un qui se moquait de son désarroi, qui prenait plaisir à réduire sa vie en miettes à chaque fois que Drago réussissait à reconstruire un semblant de bonheur ?
Malefoy ne pu s'empêcher de grincer des dents en contemplant le soleil qui brillait. En ce samedi de novembre, rien n'aurait du aller de travers et Drago aurait du consacrer sa matinée à se promener avec Hermione, ou à échanger des blagues stupides avec Blaise. Pas à discuter futur avec une fille qu'il avait mise enceinte par mégarde.
Avant que ses pensées ne puissent gagner en proportion, Drago aperçu la silhouette de Pansy appuyée à un pilier, prenant le soleil, les yeux clos.
Le jeune homme resta figé quelques instants en contemplant la Serpentard qui arborait un air détendu comme jamais auparavant il ne lui avait vu. On aurait eut du mal à croire que sa vie venait de prendre un tournant peu désirable.
Drago s'éclaircit la gorge pour signaler sa présence. Pansy ouvrit lentement les yeux, semblant se réveiller d'un long sommeil. En voyant ses prunelles absentes, le jeune homme se demanda dans quel recoin de sa tête elle avait bien pu aller se réfugier. Peut-être dans un rêve de monde parallèle où tout ne serait pas partit en lambeaux ?
-Drago Malefoy, lâcha Pansy d'un ton si amer que le Serpentard révisa instantanément son jugement.
Pansy n'allait pas bien. Jamais auparavant elle n'avait été si peu heureuse de le voir.
La jeune fille se tourna vers lui.
-Tu es venu, finit-elle par dire.
Drago hocha la tête. Que pouvait-il ajouter ?
La bouche de Pansy se tordit en un rictus amer.
-Dray... Qu'est-ce que je vais faire ? souffla-t-elle.
Drago songea que s'était bien la peine qu'il soit venu si elle envisageait la situation à la première personne du singulier. Mais comment lui en vouloir ? Drago n'avait jamais été présent pour elle, alors un « nous » aurait sans doute parut bien présomptueux.
Le jeune homme grinça des dents. Pansy s'imaginait-elle qu'il allait hausser les épaules avec un « M'en fous » avant de tourner les talons ? Le percevait-elle vraiment comme un être sans cœur ?
« A question stupide, réponse stupide. »
-Je ne sais pas, finit par répondre Drago. Je ne sais vraiment pas.
Pansy tenta de sourire mais ce fut un échec.
Elle finit par détourner de lui et reprit sa contemplation du parc qui s'étendait devant eux. Puis elle reprit, d'un ton vacillant, incertain mais qui se voulait ferme :
-On a deux solutions.
-Lesquelles ? demanda Drago avec espoir.
Peut-être y avait-il une échappatoire ?
Pansy prit une grande bouffée d'air comme pour se donner du courage.
-On peut... Nous pouvons...
Drago haussa un sourcil pour l'encourager à poursuivre.
-... Nous marier, acheva Pansy dans un filet de voix.
Le jeune homme se figea. Se marier ? Ce n'était pas dans ses plans.
Pansy lui jeta un regard implorant.
Drago serra les lèvres. Pansy n'était pas la personne avec qui il voulait faire sa vie, quel que soit l'honneur à sauver. Hermione était la seule dont il ait vraiment envie.
Malefoy ferma douloureusement les yeux. Le regard suppliant de Pansy le brûlait. Ce serait si simple de dire oui, de voir son visage qui avait si souvent été couvert de larmes par sa faute, s'éclairer alors qu'il accepterait. Le mal qu'il infligeait à Pansy depuis plusieurs années maintenant, le jeu malsain qu'il avait soigneusement entretenu, consistant à cultiver son amour pour lui pour mieux la repousser et la faire souffrir, prendrait fin. Et ce ne serait que justice pour Pansy. Il satisferait les désirs de son père, les Parkinson étant une famille riche et bien vue.
Mais Hermione...
Drago ouvrit les yeux, pour voir ceux de Pansy le contemplé avec espoir.
Le jeune homme se détesta pendant un instant. Qui était-il pour lui faire du mal ainsi ? Pansy avait assez de problèmes comma ça. Tout ce dont elle avait besoin, c'était d'une personne qui voudrait bien décharger un peu de poids de ses épaules frêles, celle d'une adolescente de dix sept ans. Elle ne voulait que justice, ce que Drago se devait de lui offrir. Elle portait son enfant, il devait bien lui assurer un foyer et un avenir.
Mais il ne pouvait pas. Il ne pouvait tout simplement pas. C'était fuir ses responsabilités, c'était lâche et mesquin et Drago le savait, mais il ne pouvait se résoudre à cette solution. Le visage souriant encadré de longs cheveux bruns qui flottait dans son esprit y était peut-être pour quelque chose. Drago ne s'en sentait pas capable.
Pansy était tellement plus courageuse que lui, songea-t-il en contemplant le visage plein d'espoir levé vers lui. Elle valait tellement mieux que lui.
Pansy affrontait les problèmes, elle. Et elle ne baissait jamais les bras, travaillant sans relâche, sans se décourager. Son attitude envers lui ces six dernières années le prouvaient. Pas une fois elle ne s'était froissée de ses rejets, pas une fois elle ne lui avait craché son venin à la figure.
C'était grâce à cette chose qui se peignait sur ses traits à cet instant, ce sentiment que Drago était incapable de ressentir : l'espoir. Le Serpentard était toujours résigné, toujours prêt à renoncer à la moindre difficulté, quel que soit le mal qu'il causait. Ne prenons pas de risques, ne se salissons pas les mains. Comme maintenant. Il était faible.
Pansy était peut-être sans cœur et prête à tout, mais elle était dix fois plus forte que lui.
Drago Malefoy ne jurait-il pas que les sentiments étaient la plus grande faiblesse ?
Il ne savait plus.
-Je ne peux pas, furent les mots qui franchirent ses lèvres et qui éteignirent lentement la lueur dans les yeux de Pansy.
La jeune fille se détourna, et elle lança ironiquement :
-Pourquoi est-ce que je te l'ai proposé ? Je suis vraiment stupide, hein Dray ?
Drago retint un soupir.
-Je suis désolé, Pansy.
Pansy se retourna vivement vers lui, ses yeux lançant des éclairs.
-Ne me dis pas que tu es désolé ! C'est faux, c'est totalement faux. Tu n'en as rien à faire de moi, alors ne vas pas me faire croire que tu t'en veux. Je ne veux pas de ta pitié.
Drago sera les dents. Un être sans cœur, hein ? Pansy voyait bien pire en lui.
-Non, tu te trompes, répondit-il à voix basse. C'est juste que...
Ne sachant pas comment dire ça, il baissa les yeux.
-On a peut-être un passé commun, Pansy, mais ce n'est pas toi que j'aime, et tu mérites...
Il se força à dire ce qu'il pensait.
-Tu mérites tellement mieux que moi.
Pansy laissa échapper un petit rire qui fut comme un coup pour Drago.
-Si tu crois que l'amour a à voir dans le mariage...
Elle se tourna vers lui, soudain suppliante.
-Moi, je t'aime.
Drago détourna les yeux, tout en se méprisant plus que jamais.
Pansy le regarda longuement.
-Je ne te reconnais plus, Drago Malefoy, dit soudain Pansy d'un ton dur.
Malefoy leva les yeux, étonné.
-Le Drago que je connais aurait tourné les talons à partir du moment même où il aurait appris ma grossesse, insensible et froid, comme toujours.
Le jeune homme faillir répliquer qu'il n'était pas comme ça mais il se mordit la langue. Pansy avait raison. Drago était égoïste, froid, sans cœur. Du moins, avant qu'Hermione déboule au premier plan de sa vie, avec ses cheveux encadrant son visage ravissant et ses convictions de petite fille. L'avait-elle changé à ce point ?
-Ce Dray là, je le connais et je sais comment se comporter avec lui, je sais me protéger pour ne pas qu'il me blesse trop profondément, poursuivit Pansy. Mais si tu commences à me raconter qu'on a autre chose en commun que des nuits de débauches, et que tu es désolé... Là je ne te comprends plus.
Drago se tut, réfléchissant à ses paroles. Pansy était sûrement la personne qui le connaissait le mieux, et sur tous les plans. Avait-elle raison ?
-Drago... J'ai toujours accepté tes humeurs et tes railleries parce que je t'aime, plus que tu ne pourras jamais te le figurer dans petite tête de tyran.
Malefoy tressaillit, mais la voix de sa conscience lui souffla qu'après tout, seule la vérité blesse.
-J'acceptais tout parce que je savais que c'était tout ce que je n'obtiendrais jamais de toi, tu comprends ? Je ne vaux pas plus à tes yeux qu'une poupée gonflable. Alors, autant que je remplisse bien mon rôle.
Pansy avait maintenant les yeux pleins de larmes.
-Je pensais... Je me disais... Que toi et moi, peut-être un jour, on aurait une vie commune... Pas parce que tu m'aimes aussi, mais parce que nos familles en auraient décidées ainsi, tu vois ? On ne peut pas lutter contre l'influence de nos parents. Je pensais...
Laissant échapper un sanglot, la jeune fille se mordit la lèvre.
Drago résista à l'envie de la prendre dans ses bras pour effacer tous ses torts –elle n'aurait pas compris son geste. A la place, il prononça du bout des lèvres :
-Quelle est l'autre solution ?
Pansy releva vers lui un visage désespéré.
-J'abandonne mes études pour élever le bébé, et avec un peu de chance, mes parents me trouveront un mari, ce qui leur sauvera la face et...
La jeune fille s'interrompit et se mordit la lèvre. Mais Drago savait ce qu'elle pensait. « Et foutra ma vie en l'air en même temps. » Car après tout, renoncer à son avenir pour s'occuper d'un enfant que l'on n'a jamais voulu, était-ce vraiment une vie ?
Si Drago avait été une personne appréciable, quelqu'un doté d'un doté d'un semblant de courage, il aurait aussitôt décrété qu'il n'en était pas question et qu'il épouserait Pansy pour lui éviter ça. Mais il ne pouvait pas.
Mais l'influence d'Hermione était sûrement trop présente en lui, car Malefoy ne pouvait se résoudre à hocher la tête et à tourner les talons, en laissant Pansy seule et désemparée. Il n'était pas un monstre, il n'était pas sans cœur.
Alors Drago essuya tendrement les larmes de la jeune fille qui leva vers lui des yeux surpris.
-On trouvera une autre solution, chuchota-t-il.
Pansy parut étonnée, sûrement par l'emploi du « on ». Mais elle hocha la tête à travers ses larmes, comme si les paroles du jeune homme avaient le moindre sens, la moindre signification. Car ils savaient tous les deux, alors que Pansy se laissait aller pour la première fois de sa vie contre le torse de Drago, qu'il n'y avait aucune autre solution.
Mais peut-être n'y pensait-elle pas, songea le jeune homme en lui caressant maladroitement les cheveux. Peut-être savourait-elle juste la sensation de son corps contre le sien, en se sentant aimée pour la première fois, sans être ensuite repoussée. Peut-être était-elle juste heureuse que Drago la serre contre elle sans arrière-pensée.
Le jeune homme serra les dents. Il ne savait pas ce dont serait fait l'avenir. Mais à quoi bon ? Il se montrait correct envers Pansy, enfin. Elle le méritait amplement, pour avoir tant de fois encaissées ses rejets sans s'emporter.
Drago avala péniblement sa salive. Tout cela aurait été bien plus simple si seulement, une fois dans sa vie, Pansy l'avait repoussé.

Hey (: Le quinzième chapitre vous a-t-il plu ? En attendant la suite, dites-moi ce que vous en avez pensé ;)
Bisous ♥